Pas l'écrivain, le magasin branché qui vient de se faire cambrioler.
Le magasin qui n'est pas très loin de l'hôtel Costes, ce machin décoré par Garcia, le truc qui donne à penser qu'on est entré par hasard dans un claque du XIXème siècle.
Un jour, l'Ours et moi passions dans ce quartier, nous regardions les boutiques.
Regarder, pas acheter, le père de l'Ours est ingénieur pas prince saoudien.
Nous avons vu débouler le service d'ordre du FN, ceux qui honorent Jeanne d'Arc parce qu'elle a bouté les Anglais hors de France.
Je me demande, par hasard, ils ne la confondraient pas avec Charles Martel qui a arrêté les Arabes à Poitiers ?
L'Ours, comme sa mère, a la "langue avant les dents", nous avons dit en coeur : "Fachos !" et là nous avons vu arriver vers nous les Barbares, avec leur matraque, leur crânes rasé, le front buté et la haine dans les yeux, ceux qui Marine appelle des "gentils garçons".
Je pleurais déjà mes couronnes, celles qui avaient permis à mon dentiste de passer ses vacances à Eilat.
L'Ours se voyait privé de ski jusqu'à la fin de ses jours.
Le service d'ordre de Colette est arrivé, nous a ouvert la porte du magasin.
Des blacks superbes et taillés comme des armoires à glace qui nous ont attirés à l'intérieur et ont refermé la porte...
J'ai profité des circonstances pour admirer ce temple de la branchitude, je voulais acheter quelque chose, je venais d'échapper à un séjour à l'hôpital, j'ai eu beau regarder, admirer des vitrines avec une minuscule chose dont l'usage m'échappait, je n'ai rien trouvé.
Depuis ce jour, j'ai beaucoup de sympathie pour ce magasin même si l'eau minérale est vendue au prix du caviar.