
Je suis arrivée à Tel Avil un 4 avril.
La température était raisonnable, 18°C.
J'étais rassurée, je m'attendais à pire.
J'avais suivi les conseils du Goût : Prendre le premier car pour arriver dans les premiers à l'Immigration.
Nous sommes allés chez "mi-ve-mi" (qui est qui), une institution qui n'existe plus.
Tel Aviv est une ville qui bouge, toujours en avance d'une mode. Israël c'est l'Amérique au Proche Orient.
Là, j'ai mangé la meilleure côte de porc de ma vie.
C'est facile, je n'en mange jamais...
Le lendemain, il faisait 43°C. La boîte où travaillait le Goût faisait une sortie en Galilée. On avait un guide. Le problème ? Il parlait hébreu. Ils parlaient tous hébreu de toute façon... J'avais chaud, je n'avais pas envie de m'extasier sur une petite fleur, il faut dire que les fleurs sont belles. La végétation est luxuriante malgré le manque d'eau.
Je venais de quitter Paris et mon fils alors la Galilée et ses pommes, je m'en moquais un peu.
Je me suis retrouvée, avant même de le souhaiter, à l'Oulpan mais j'ai quand même eu quelques jours pour découvrir la ville. J'habitais en plein centre de Tel Aviv, juste à côté de Dizengoff. Au bout de la rue, la mer. On ne peut pas dire que je sois fan de la Méditerranée, surtout dans ce pays où elle est trop chaude mais j'aimais prendre un café au frais et la regarder.
J'allais à shouk ha Carmel, un marché qui vous donne envie d'acheter des fruits que vous ne connaissez même pas. J'étais là depuis deux jours et j'ai vécu ma première alerte. N'oubliez pas, je suis une Parisienne pur sucre. Je voyais bien la mishtara (la police) hurler après des gamins. J'ai pensé que les gosses venaient de traverser hors des clous, j'ai fait pareil et j'ai continué à traverser.
On m'a hurlé dessus. En hébreu alors j'ai continué. La fliquette a essayé plusieurs langues, je n'ai pas fait attention, je ne me sentais pas concernée.
Brusquement, je me suis retrouvée jetée dans une marée humaine et silence.
On entendait les mouches voler, la vie s'est arrêtée, les bus, les voitures, un cordon de sécurité.
La foule retient son souffle, le robot sort, il fait exploser un paquet, quelquefois, c'est un sac oublié par un touriste, quelquefois, c'est autre chose, ensuite des jeunes gens habillés en cosmonaute fouillent les débris.
Voilà, c'est devenu mon quotidien. L'Ours venait souvent. Un jour, il fouinait dans une librairie. Le lendemain, la librairie avait disparu, les boutiques à côté aussi, dévastées par l'explosion.
C'était une période normale, pas de tension, juste des bombes...
J'ai toujours une tendresse particulière pour ce pays.
Ils sont rugueux mais vous ne crèverez jamais de solitude là-bas.